Ici, entre Droit et Devoir, nous forgeons un projet collectif, inclusif et porteur d’espoir.

Avant la tempête Alex : notre vie en milieu rural, dans la haute vallée de la Roya est paisible comme une image ronronnant devant le crépitement d’un feu de cheminée, même si…

2 octobre 20 : furie des éléments. Vision d’horreur. Routes, maisons, ponts et cimetière arrachés, froid, faim sont venus violer nos conforts en ravageant nos intérieurs.

La force impressionnante de l’Etat et des collectivités dans la gestion et la logistique de reconstruction des infrastructures est en marche...

Et nous, habitants démunis sur cette nouvelle terre, les mains dans la boue, allons va faire germer dans nos raisons cette la loi morale que chacun porte dans sa conscience : la notion du Devoir face à un drame.

Des solidarités, des personnes regroupées en associations, des émergences solidaires, des dons et des projets ont remplacé certains replis sur soi, des actions naissent et d’autres meurent.

Plus spécifiquement, à l’ESAT le Prieuré, notre histoire s’est constituée autour d’une dynamique d’intégration voulue par les personnes en situation de handicap. Alors, quand des projecteurs se sont allumés, parfois éblouissants et souvent dans la frustration de n’en balayer que la surface, nous voulons dire.

Savez-vous ?

L’ADN du Prieuré est composé de différences et il nous a fallu, pour être accepté dans la cité, faire preuve d’exemplarité bien au-delà de la moyenne.

Entre Droit et Devoir, de démarche citoyenne à l’apprentissage dans la connaissance de soi… nous acceptons et affirmons nos singularités, nous développons nos champs de compétences. Régulièrement, nous avons dû faire face aux tensions et aux contraintes économiques. Nous avons développé cette faculté de nous adapter. Mais cela, la vie institutionnelle nous l’a imposé également depuis notre plus jeune âge.

Bref, depuis 30 ans, nous démontrons par notre travail dans ce village à St Dalmas de Tende, que nos différences (sans avoir besoin d’étiquette) sont une richesse dans le tissu local.

Le recueil de nos expressions, l’autodétermination, l’observation bienveillante des professionnels sont autant de leviers pour faire progresser la notion de bonheur et de progrès qui construisent nos projets de vie et alimentent le projet d’établissement.

Nous aspirons à la liberté.

Nous ne parlons pas de cette liberté indéfinie que chacun interprète et revendique suivant sa notion de droit, mais bien de cette liberté décente, celle qui est subordonnée aux lois, éclairée par l’honnêteté et l’attention des autres.

Oui, nous façonnons la vertu au cœur de notre institution, en gardant comme fer de lance cet enseignement de ne pas se travestir en fonction des autres, de se considérer dans « ce que je suis ».

Un épanouissement de chacun vers la satisfaction de bien être pour bien faire, source d’intérêt de la société dans son ensemble.

Notre Maire dit du Prieuré que nous sommes un phare. Cela nous touche, et peut-être sommes-nous sans le savoir, nous personnes en situation de handicap, une minuscule lumière dans l’imperfection des sociétés humaines, un éclairage du mot devoir à participer à son amélioration.

Nous dépendons de vous et de la place que l’on nous donne.

Nous, dans notre environnement rural, loin du tumulte consumériste de la ville et investis des valeurs de notre association l’APREH (redistributives, laïques et apolitiques), nous fait investir, innover, participer à produire un système économique social et solidaire viable.

Loin des regards malveillants, notre énergie va à l’essentiel.

Nous produisons ce sentiment qui entraîne la richesse des différences, des attentions à l’autre, nous en puisons cette ressource fraternelle à bien bâtir. Combattre l’indigne, le rejet, l’exclusion, l’isolement…et faire, sans angélisme ni amnésie, en sorte que l’amour universel ne soit plus seulement sentiment, mais acte de vérité dans sa genèse à produire de la vie harmonieuse.

Ici, entre Droit et Devoir

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